14/07/1988 – 15/11/1990

Bien que ne connaissant rien à la musique, ça m’intéresse.
La question est surtout : quel instrument choisir ?

Je sais que Phil envisage d’être au clavier et que ce sera un groupe plus ou moins orienté pop-rock/cold wave
 Je vais donc essayer une batterie (prend trop de place, trop chère), une guitare (trop de cordes) et une basse. C’est ce dernier instrument qui m’a instantanément séduit. Sans doute parce que le vendeur avait branché l’instrument dans un gros ampli et poussé un peu le volume. La première corde que j’ai touché a déclenché un gros “BOOOOOM” suivi de vibrations diverses.

Quant à Phil, il opte finalement pour la guitare, instrument qu’il connaît de loin, mais dont l’utilisation de base ne lui posera pas de problème : il a déjà des années d’accordéon et de clavier derrière lui.
Nous achetons donc nos instruments le même jour, en juin 1988, et ressortons avec une copie de Fender Precision pour moi et une guitare électrique pour Phil, toutes deux de marque Stanbury.


J’y ajoute quelques jours plus tard un premier ampli (Ross 15 W).

La première répète a eu lieu chez les parents de Phil, dans le salon au milieu duquel trônait un orgue électronique à double clavier, doté d’une boîte à rythmes (BAR) et de quelques sons classiques (piano, orgue…).

Pas sûr que ce soit exactement ce modèle d’orgue, mais globalement, ça ressemblait à ça.

Phil, n’ayant pas encore d’ampli, se branchait sur celui intégré à son orgue électronique, dont on ne pouvait régler que le volume. Le reste des réglages se faisait sur la guitare.
On avait aussi adapté un câble en Y pour brancher le micro chant sur l’ampli du clavier.

Enfin, la batterie était assurée par la BAR de l’orgue : 16 choix de rythmes, non-programmables. On pouvait quand même heureusement régler le tempo…

Et on s’enregistrait avec un magnétophone des années 70, via le micro non intégré :

Vintage, on vous dit !

Plus tard, j’ai rencontré un batteur, Philippe, qui jouait sur une batterie électronique et un ampli 150 W 6 pistes. C’était le petit-fils d’un gros propriétaire immobilier du coin (le Studel à Poitiers). La batterie n’était au mieux qu’un passe-temps pour lui, mais ça nous a permis de commencer à travailler avec un batteur (et avec une BAR plus évoluée que celle de l’orgue électronique de Phil).

La batterie électronique de Philippe…
… et son ampli 6 pistes !

Il nous a d’ailleurs procuré une salle de répète : le salon de la maison de campagne de son grand-père, décoré façon Louis quelque chose. Phil et moi devions détonner pas mal dans le décor, avec nos jeans déchirés et nos Converse.

Problème : Philippe n’était pas très disponible.
Il lui arrivait même parfois de passer l’essentiel des répètes à tondre la pelouse ou ratisser le court de tennis : c’était la contrepartie demandée par ses grands-parents en échange du prêt de leur salon en guise de salle de répète…
Il nous laissait donc sa BAR pour que nous puissions jouer de temps à autre.

Enfin, Phil trouva les moyens de s’offrir un vrai ampli, en l’occurrence un Peavey 60 W.

Il y avait pas mal de boutons de réglages, qu’il n’a jamais vraiment explorés. A vrai dire, je le soupçonne d’avoir toujours laissé l’aspect technique au second plan (c’est bien souvent moi qui lui accordais sa guitare, par exemple).

Par contre, ce nouvel ampli était frustrant pour moi qui adorais le son de la gratte saturée (merci le hard rock des 80-90’s !) : Phil avait beau tourner les boutons dans tous les sens, c’était toujours un son plus ou moins clair qui en sortait.

Morceau enregistré un soir d’été 1989, en pleine campagne et en plein air.

Note sur l’image : au tout début (été 1988), Phil avait imaginé la pochette d’un hypothétique 45 T. J’ai repris son idée de l’époque avec les outils d’aujourd’hui (et non, ce ne sont pas nos têtes, celles-ci sont issues de https://thispersondoesnotexist.com/).

N’oubliez pas qu’on débutait dans ce monde-là (et accessoirement, que les noms des potards n’étaient pas forcément explicites pour les néophytes que nous étions).
Par contre, l’ampli disposait de 2 entrées, ce qui permettait d’y brancher aussi le chant et donc de pouvoir équaliser la voix, avantage notable par rapport à l’ampli basique de l’orgue électronique.

Phil revenu de vacances, nous avons continué à composer un peu.
Nous avons également essayé de placer Xavier, un copain photographe, au chant. Ca aurait pu marcher, il articulait clairement et avait une voix qui collait pas mal à notre répertoire débutant.

Xavier au chant et Phil a enfin commencé à explorer le son saturé. Enregistré dans le garage chez mes parents, probablement au printemps 1990.


Mais sa passion n’était clairement pas la musique… (c’est d’ailleurs lui qui réalisera la jaquette de la maquette finale du futur Closedown, 6-7 ans plus tard).

Au final, après deux ans de répètes sporadiques, nous n’avions composé que 4 morceaux très basiques, chacun ayant connu plusieurs versions : Sophistication, Ornière, L’étincelle et Controverse.
Les deux premiers connaîtront encore bien des versions par la suite. A ma connaissance, les deux derniers sont tombés dans l’oubli…
On décide donc de faire une pause de durée indéterminée.

J’ai profité de cette occasion pour revendre mon matériel et acquérir une Yamaha BB 1200 S d’occasion et un ampli Ross 60 W.

Ma nouvelle basse de l’époque (achetée d’occasion en 1990, elle date de 1983), sa petite soeur Hohner JJ Bass à droite et le nouvel ampli.