Durant l’automne 95, nous nous rendons compte que notre dernier morceau, Alone, n’a vraiment rien à voir avec le reste de notre répertoire.

On a l’impression que le groupe arrive à une sorte de maturité après avoir assimilé ses influences.
Nous décidons de repartir de zéro dans cette nouvelle direction (on a mis plus de 15 morceaux originaux à la poubelle au passage).
On conserve cependant les anciens morceaux temporairement pour assurer les concerts.
A la même époque, je soumets au groupe une ligne de basse qui me semble intéressante, mais Elric trouve qu’elle ressemble trop à celle d’un groupe connu (je ne me rappelle plus aujourd’hui du morceau en question).
Nous la retravaillons ensemble et elle aboutit au morceau Face, qui figurera sur la maquette finale.

Mais je garde le riff initial, il resservira à plusieurs occasions.

En décembre, on décide de participer au Téléthon : la mairie nous met à disposition une scène sur la Place d’Armes, avec sono et tente chauffée.
Du moins, c’est ce qu’ils disent.
Je soumets également l’idée à Sympathy, ce qui fait qu’on se partagera la scène, alternant 1 heure de Closedown, 1 heure de Sympathy, chaque groupe jouant 3 heures le samedi et 3 heures le dimanche (soit 12 heures sur le WE pour ma pomme, vu que je suis bassiste dans les deux formations).

Le samedi, on se pointe pour découvrir une scène à peine assez grande pour un groupe avec son matériel, 2 pauvres enceintes de 200 W qui suffiront pour le chant… et aucun abri chauffé.
On se lance quand même, sous un ciel couvert, par -2 °C : il y avait du givre sur les cordes de nos instruments. Cela dit, après 10 minutes de jeu, ça pouvait aller, impression de chaleur renforcée par la bouteille de whisky qui passait de l’un à l’autre entre les morceaux.

Enfin, le dimanche vers 18h, on remballe tout notre matériel. Voyant cela, les pompiers, qui avaient installé une permanence juste à côté, nous proposent de prendre l’apéro avec eux.
Je ne sais plus à quelle heure et dans quel état on est rentrés, mais aucun de nous n’était plus vraiment sobre !

Au cours des premiers mois de 1996, on peaufine nos nouvelles compos en vue d’enregistrer une nouvelle maquette qu’on enverra aux maisons de disques en espérant une réponse positive.
C’est au cours du mois de mai qu’on va squatter, 3 jours durant, une des salles de répètes du Confort Moderne (on ne répète plus à Syrinx depuis quelques mois).
Cette fois-ci, on a fait les choses en grand : location d’une console de mixage digne de ce nom et Elric nous fournit les micros : il a commencé à s’équiper pour sa future activité d’ingénieur du son.

A raison de neuf heures par jour, pendant ces 3 jours, non seulement on enregistre plusieurs versions de chacun des 5 nouveaux morceaux, mais on trouve le moyen d’en composer un 6ème, The End?, pas tout-à-fait au point, mais qui est bien dans la ligne du reste, ce qui fait que, malgré les quelques erreurs et sa durée très limitée, on l’inclut quand même dans la maquette.

Après quoi Elric s’est attaqué au travail de post-production pour nettoyer tout ça, sélectionner les meilleures versions de chaque morceau, puis rassembler le tout sur des K7 de qualité.
Pendant ce temps, Phil et moi planchions sur la lettre qui allait accompagner chaque K7 à destination des maisons de disques. Notre copain Xavier (voir chapitre 1 : Les Ganjas) a réalisé également plusieurs essais de jaquette, utilisant pour cela ma basse, du papier alu et diverses sources de lumière.
Et à la fin de l’été, nous disposions enfin du produit final.

Oui, il faudrait que je nettoie ma basse…
Brouillon de la bio qui accompagnait les K7, rédigé par Phil et annoté par mes soins.
On note que The End? n’était pas encore sur la liste des morceaux.

Pour la Fête de la Musique, notre lieu habituel n’étant plus disponible (on s’y est pris trop tard pour réserver l’emplacement de La Royale), on a opté pour plusieurs concerts dans les lieux différents dont certains en commun avec Sympathy, mon autre formation (cf chapitre suivant).
Par contre, côté logistique, c’était une autre paire de manches, même si nous étions motorisés, puisque nous trimballions le matériel d’un endroit à un autre à chaque fois.

Un autre évènement marquant a eu lieu cet été 1996 : Phil s’est marié.
Je crois que c’est aussi cela qui, dans une certaine mesure, a signé la fin du groupe : Phil, étudiant sans grand succès depuis plusieurs années, avait pris la décision de s’engager dans la gendarmerie et donc d’abandonner la musique, puisqu’il ne savait pas où il serait affecté, ni s’il aurait assez de temps libre. Sauf, bien entendu, si nous recevions une réponse positive d’une maison de disques !

De fait, il y a eu peu de répètes et pas de concerts lors des derniers mois de cette année. Il y a eu par contre les réponses des maisons de disques : toutes négatives.
Si bien qu’en mars 1997, on s’est retrouvés attablés à l’Indian’s Café, à Poitiers, à l’initiative de Phil, qui nous a annoncé ce qu’on savait déjà, à savoir qu’il quittait le groupe et la musique.

On avait bien entendu envisagé de continuer sans lui, mais ce n’était pas possible : outre le fait qu’il était un compositeur prolifique, il était d’une certaine façon l’âme du groupe.
Ca a été un coup dur pour tout le monde, encore plus pour Pablo, qui se retrouvait sans groupe, les Chester Players s’étant séparés quelques mois plus tôt.
Elric avait monté plusieurs mois auparavant Stay Wasted, un groupe punk-rock.
Quant à moi, si je n’avais plus Sympathy (cf chapitre suivant), j’avais NightSpirits, un groupe de pop-rock et j’étais en train de monter PKN907, une formation rock avec un bon potentiel.

A noter qu’aujourd’hui encore, nous restons très fiers du travail accompli avec Closedown, on en parle de temps en temps sur Facebook avec Elric, Pablo et quelques autres amis musiciens de l’époque.
Closedown est resté une étape majeure dans la vie musicale de chacun des membres du groupe.